jeudi 4 février 2010

Au voleur !

L'Etat détourne cinq milliards d'euros des caisses retraites complémentaires Agirc-Arrco

La Poste a changé de statut. Et ses employés contractuels, qui dépendaient jusqu'ici de l'Ircantec, relèveront désormais du régime commun des salariés du privé : l'Arrco-Agirc. Conséquence : les futurs embauchés de La Poste devront s'acquitter de cotisations plus élevées que celles de leurs collègues pour, plus tard à l'heure de la quille, toucher des pensions plus faibles. Un gros mensonge du gouvernement qui a toujours affirmé que le changement de statut ne changerait rien pour les employés de La Poste. Mais c'est presque un détail...

Car l'Ircantec, dont La Poste représente un tiers des adhérents, se plaint de la diminution attendue de ses recettes. Moins de nouveaux cotisants, plus d'anciens partant à la retraite... forcément. Le manque à gagner est estimé à cinq ou six milliards d'euros, calculé sur... cinquante ans, l'Ircantec réclamant une compensation pour les cotisations d'employés qui ne sont pas encore nés, relève l'association Sauvegarde Retraites qui a alerté la presse. Ubuesque. Théoriquement, c'est l'Etat qui devrait mettre la main à la poche pour remédier au déséquilibre engendré par ses propres décisions. Mais Christian Estrosi a eu une idée détonante : que l'Arrco-Agirc s'acquitte de la douloureuse ! Et les cotisants du régime commun (les salariés du privé) devront donc signer un chèque d'environ cinq milliards d'euros à l'Ircantec (fonctionnaires contractuels et élus). Scandaleux ? Pas pour les sénateurs, qui ont fait passer l'amendement en question... comme une lettre à la Poste.

L'Ircantec a pourtant une comptabilité équilibrée, le nombre d'élus et de contractuels (collectivités, enseignement, hôpitaux, sécurité...) ne cessant d'augmenter (au détriment des fonctionnaires titulaires). L'Arrco-Agirc, elle, est aux abois. Ses comptes sont dans le rouge. D'où la réforme des retraites annoncée pour cette année.

En droit des affaires, cela s'appelle un "abus de bien social". Mais pourquoi ce casse monumental ne fait-il pas scandale ? Tout simplement parce que tout le monde y trouve son compte. L'Ircantec est la caisse des élus locaux, ceux qui élisent les sénateurs, et qui se présenteront devant les électeurs d'ici peu. Il aurait donc été de mauvais goût pour le Sénat de leur refuser cette petite douceur.

Cliquez ICI pour en savoir plus sur les régimes spéciaux des députés et sénateurs (on comprend mieux pourquoi les politiques se battent autant pour avoir une place au soleil !).

Sur le dossier de la Poste /Ircantec, la CFE-CGC s’engage !
La transformation de la Poste en société anonyme à compter du 1er mars 2010 pose le problème des conditions de transfert de la retraite des agents contractuels de la Poste à l'AGIRC-ARRCO. Seuls, les agents contractuels nouvellement embauchés à compter du 1er mars 2010 seront affiliés à l'AGIRC-ARRCO. Des propos faux et sans fondement sont largement diffusés par "Sauvegarde Retraites" en mettant en cause l'Etat, le Sénat et les syndicats au motif singulier qu'ils cautionneraient un "hold-up" des caisses de l'AGIRC-ARRCO vers l'IRCANTEC. Il s'agit d'accusations mensongères, de propos diffamatoires sans faits avérés et d'intox consistant à dresser les Français les uns contre les autres.

La CFE-CGC s'inscrit en faux contre de telles attaques et appelle ses adhérents et ses militants à la plus grande méfiance à l'égard de ces manœuvres organisées
...

Lire : Engagement de la CFE-CGC, dossier explicatif.

5 commentaires:

  1. Quand est-ce que l'on va se décider à bouger? Pourquoi les syndicats ne mobilisent-ils pas? Que fait la CFE-CGC?
    Parler, discuter, parlementer ne mène à rien ... je crois qu'il va falloir ressortir les guillotines et faire tomber quelques têtes! Et pas qu'au sens figuré du terme ...

    Un travailleur exaspéré... mais pas désespéré!

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  2. Pourquoi cela ne s'affiche-t-il pas dans les journaux? Après on ose parlé de liberté de la presse? Les médias sont à la botte du gouvernement, et je me demande s'il n'y a que les média?

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  3. Quant aux syndicats, s’ils ne pipent mot, c’est parce qu’ils sont sur-représentés dans le public.

    Le taux de syndicalisation en France est particulièrement bas : 8%. Et même 5% dans le privé. Là où en Europe, la moyenne tourne plutôt autour de 25%, voire bien d'avantage dans certains pays.

    On peut toujours discuter du rôle des syndicats, mais on reconnaîtra que cela ne signifie pas grand-chose de dialoguer avec des organismes divisés qui représentent, tous ensemble, 5% des salariés du secteur privé !

    Moralité : les syndicats ont le pouvoir que leur donne les salariés !

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  4. Il y aurait certainement plus de personnes syndiquées si l'on n'avait pas l'impression d'être des pions ... quoiqu'il se décide , j'ai toujours l'impression que l'on ne tiend pas compte de notre avis en bas. Même les DS le disent dans des instants de relache ... Donner des coups d'épée dans l'eau ne mène à rien. Désolé, mais je n'ajouterai pas d'eau à un moulin qui ne fait que brasser du vent...

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  5. Suite aux articles parus dans la presse relatifs aux conséquences du changement du statut de La Poste sur les régimes de retraite complémentaire des salariés du secteur privé, nous souhaitons apporter les précisions suivantes.

    Compte tenu de son nouveau statut de société anonyme en 2010, La Poste va adhérer aux régimes de retraite complémentaire Agirc et Arrco. La loi, qui vient d'être votée, confirme ce principe d'adhésion obligatoire mais limite, aux seuls salariés nouvellement embauchés, l'affiliation à ces régimes.

    Les retraités comme les salariés déjà en activité continueront de dépendre de l'Ircantec, régime de retraite complémentaire de La Poste avant son changement de statut. L'Ircantec devra supporter des charges qui, au fil du temps, ne seront plus compensées par des ressources dans la mesure où les nouveaux embauchés cotiseront auprès des régimes Agirc et Arrco.

    Ce changement a pour conséquence le versement par l'Arrco et l'Agirc d'une contribution financière à l'Ircantec, dont le montant n'est pas encore fixé.
    Dans les discussions qui vont démarrer, les gestionnaires des régimes de retraite Agirc et Arrco feront valoir que ce besoin de financement de l'Ircantec n'est pas immédiat. En effet, les cotisations versées par La Poste à l'Ircantec ne diminueront que très progressivement. Aussi, ils considèrent que le calcul de la contribution financière devrait être annuel. Ce calcul portera sur une très longue période dans la mesure où l'Ircantec sera amenée à servir des pensions au titre des services accomplis à La Poste pendant encore plusieurs décennies.

    Il appartiendra aux Instances respectives de l'Agirc et de l'Arrco, d'une part, de l'Ircantec, d'autre part, de conclure d'ici la fin du premier semestre 2010 une convention financière organisant une compensation comme il en existe déjà au sein des régimes Agirc et Arrco.

    Les partenaires sociaux, gestionnaires des régimes de retraite complémentaire, veilleront à ce que les solutions qui seront arrêtées dans le cadre de cette convention financière ne portent pas atteinte aux intérêts des ressortissants des régimes Agirc et Arrco.

    Ils veilleront également à ce que les intérêts des salariés de La Poste ne soient pas lésés, qu'ils continuent de cotiser à l'Ircantec ou, s'agissant des nouveaux contractuels, qu'ils cotisent à l'Agirc et à l'Arrco.

    Source : communiqué de presse Agirc-Arrco du 2 février 2010

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