Thales : qui pour remplacer Luc Vigneron ?

Il
faut dire que le dialogue social chez Thales tient du champ de ruines : le
12 septembre dernier, la CFDT, la CGT et la CFE-CGC publiaient une lettre
ouverte au vitriol pour refuser l’invitation de Luc Vigneron à une réunion de
négociations. « Pour satisfaire les appétits gloutons de vos
principaux actionnaires, vous conduisez Thales à coups de réorganisations et de
coupes claires (…) avec comme objectif la recherche de résultats financiers à
court terme et la préservation des intérêts patrimoniaux de Dassault »,
écrivaient les syndicats. Qui dénonçaient la décision de mettre la DRH sous la
coupe de la direction des opérations : « En mélangeant les genres, vous instaurez
le pompier pyromane. Ceci constitue pour nos organisations une véritable
provocation, un casus belli. » Fin octobre, les syndicats exigeaient
des actionnaires qu’ils prennent « au
plus vite les décisions qu’exigent la sauvegarde et l’avenir de Thales et de
ses emplois ». En clair, qu’ils actent au plus vite le
remplacement du PDG.
Pourquoi
Dassault a-t-il lâché Vigneron, après l’avoir soutenu mordicus pendant trois
ans ? Les résultats du troisième trimestre se sont révélés plutôt
bons : malgré les difficultés de la branche défense, Thales a réalisé au
troisième trimestre un chiffre d'affaires en hausse de 9%, tiré par
l'aéronautique civile et les transports. Le groupe a confirmé son objectif de
marge opérationnelle courante à 6% en 2012. Mais le big-bang dans l’état-major
annoncé cet été, le troisième depuis mi-2009, semble avoir eu du mal à passer.
Cette énième restructuration de la direction générale avait notamment vu le
débarquement sans ménagement d’un des deux super-commerciaux du groupe Blaise
Jaeger, pourtant réputé être un protégé de Luc Vigneron, et du DRH Loïc Mahé. « Mahé
a été dégagé de manière assez scandaleuse, se faisant vider son bureau comme un
malpropre », dénonce un syndicaliste. L’Etat, longtemps
« sleeping partner » chez Thales, semble aussi s’être réveillé, dans
l’optique de peser sur une éventuelle restructuration de l’industrie de défense
européenne.
Reste
à trouver le bon pilote pour Thales. Plusieurs noms sortent régulièrement.
L’ancien patron de Vivendi Jean-Bernard Lévy ? « Le
job chez Thales, avec des gros contrats dans la défense, est quand même assez
spécifique, ce n’est pas forcément le mieux placé », assure un très bon connaisseur du
groupe. Pascale Sourisse, en charge du commercial pour la moitié du monde (zone
A, en jargon Thales) ? Elle est définie comme la meilleure candidate de
l’interne, mais Dassault la verrait comme trop indépendante, préférant le
profil de Pierre-Eric Pommelet, patron des systèmes de défense, que l’Etat
semble ne pas vouloir retenir. Le patron du missilier européen MBDA, filiale
d’EADS, BAE et Finmeccanica ? « C’est l’un des meilleurs profils : il
connaît l’international, sait travailler avec les Anglais, et a bien gérer
MBDA », assure une très bonne source. Laurent Giovacchini,
ex-DGA, patron de CS Systèmes d’information ? « C’est
un bon, mais a-t-il assez d’expérience industrielle ? »,
s’interroge la même source.
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